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L'idéalisme est l'un des principaux courants philosophiques qui défendent que la conscience (ou l'esprit) l'emporte sur la matière. Par conséquent, les idées jouent un rôle de premier plan.
Écrit par Equipo Editorial
Dernière mise à jour : 28 février, 2023
L’idéalisme est l’une des principales théories de la pensée philosophique, dont l’origine remonte à la Grèce antique. Avec diverses variantes, ce courant défend que les idées sont indépendantes de la matière,que la conscience et l’esprit sont des entités autonomes du monde sensible et qu’il est impossible de connaître le monde sans avoir une conscience ou, à la limite, qu’il n’y a rien en dehors de notre esprit.
En ce sens, l’idéalisme défend la notion d’âme, l’existence d’une entité suprême (divinité) et stipule que la vraie connaissance ne peut être acquise que par la pensée ou la conscience.
Parmi les représentants de l’idéalisme, figurent des philosophes renommés tels que Platon (considéré comme le père de ce courant), Descartes, Leibniz, Kant et Hegel. Nous détaillons ci-dessous les caractéristiques de ce courant.
L’histoire de l’idéalisme
Au sein de la philosophie, le terme idéalisme a commencé à être utilisé en anglais, puis dans d’autres langues, vers 1743. Bien que le mot ait été inventé à cette époque, il est incontestable que l’idéalisme est présent en philosophie depuis plus de 2 000 ans, puisque Platon est considéré comme le père de cette théorie.
En 480 av. J.-C., Anaxagoras enseigne que toutes choses ont été créées par l’esprit. Des années plus tard, Platon affirmera que la réalité objective maximale n’est atteignable qu’à travers les idées, que celles-ci existent indépendamment du monde sensible et qu’elles impliquent l’intellect. Des siècles plus tard, ces croyances porteront le titre d’idéalisme objectif.
De nombreux érudits affirment également que l’idéalisme était présent dans l’Inde ancienne. En particulier, dans le bouddhisme et dans d’autres écoles de pensée orientale qui utilisaient les textes des Védas.
L’idéalisme sera un temps oublié et ne reprendra de l’importance qu’en 1700, grâce à des philosophes comme Kant et Descartes, qui l’adopteront et le développeront en profondeur. C’est aussi à cette époque que l’idéalisme se subdivise en ses branches reconnues.
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Idéalisme platonique
Comme nous l’avons déjà dit, l’origine de l’idéalisme réside dans Platon, qui défendait que les idées sont le véritable fondement de tout ce qui existe. Outre le fait qu’elles précèdent le monde sensible et existent indépendamment de lui.
En expliquant l’être des choses, Platon affirme qu’il existe deux mondes : un sensible (monde physique) et un intelligible (celui des idées). Le premier est composé de tout ce que nous pouvons expérimenter par les sens. Il se caractérise par la multiplicité, étant pure apparence et étant en constante évolution. Il est donc faux et trompeur.
Le monde des idées est vrai, incorruptible et immuable. Là, habitent les idées universelles et nécessaires, essences de tout ce qui existe. Ainsi, les objets et les corps du monde physique ne sont qu’un reflet imparfait de ce monde.
Idéalisme objectif
Dans l’idéalisme objectif, se trouvent toutes les variantes qui considèrent que les idées existent indépendamment de la matière et des individus. De même, on prétend que nous ne pouvons y accéder que par l’expérience. Parmi les représentants de ce courant, se trouvent Leibniz, Hegel, Bernard Bolzano et Dilthey.
Idéalisme subjectif
Contrairement à l’idéalisme objectif, l’idéalisme subjectif défend que les idées n’existent que dans la conscience ou l’esprit des individus. Autrement dit, elles dépendent de l’esprit du sujet. En ce sens, les idées de chacun sont forgées par l’expérience personnelle.
Cette forme d’idéalisme a, à son tour, deux variantes. Celle qui affirme qu’il n’y a rien en dehors de l’esprit, de sorte que le monde extérieur est fait par nous ; et l’autre qui défend que nos sens et nos connaissances nous donnent des informations déformées du monde extérieur.
Parmi les représentants de cette variante, figurent Descartes, George Berkeley, Kant, Fichte et Ernst Cassirer.
Idéalisme transcendantal
Ce type a été développé par Emmanuel Kant, qui a défendu que dans tout acte de connaissance il y a deux éléments : l’objet de connaissance et le sujet (la personne qui cherche à savoir). Dans ce cas, c’est le sujet qui fixe les conditions pour que la connaissance se produise.
Au sein de la théorie de Kant, les notions de phénomène et de noumène sont également importantes. Le phénomène est ce que nous savons de l’objet par l’expérience et les processus cognitifs antérieurs. Le noumène est ce que nous ignorons de l’objet, représentant la limite de la connaissance et qui ne peut être atteint que par l’intellect.
Idéalisme absolu
C’est un courant attribué au philosophe Georg Wilhelm Friedrich Hegel. Ce penseur a défendu que, pour que le sujet puisse accéder à la connaissance du monde, il doit y avoir une identité absolue entre la pensée et l’être.
Pour que cette identité se produise, le sujet a besoin d’outils de pensée lui permettant de développer sa conscience, afin d’accéder à une véritable connaissance du monde.
Quelques représentants de l’idéalisme
De nombreux philosophes renommés ont défendu une perspective idéaliste. Parmi eux, figurent les suivants.
Platon (427-347 av. J.-C.)
C’était un disciple de Socrate et un enseignant d’Aristote. Il a fondé l’Académie d’Athènes et presque toute son œuvre est écrite sous forme de dialogues.
Ce grand penseur affirmait que le monde sensible, celui que nous percevons, n’est qu’une ombre ou un reflet du monde réel, le topos uranus (lieu au-delà des cieux), où vivent les idées universelles et d’où vient l’âme humaine.
René Descartes (1596-1650)
Descartes était un philosophe français ; il est considéré comme le père de la philosophie moderne, du rationalisme et l’un des précurseurs de la révolution scientifique.
Ce penseur a divisé les idées en trois catégories : celles qui naissent de l’expérience sensible de l’apprentissage ou de la socialisation, les idées artificielles ou imaginatives, et les idées naturelles ou innées qui proviennent d’une force ou d’une intelligence supérieure.
L’intuition était tout à fait pertinente dans son idéalisme, puisqu’il s’agit d’une perception directe des idées qui n’admet ni erreur ni doute.
Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716)
Il a d’abord inventé le terme d’idéalisme, faisant référence à la philosophie platonicienne. Il a résolu le problème des idées innées en soutenant que celles-ci provenaient de la véritable essence des objets, qu’il appelait monade.
Emmanuel Kant (1724-1804)
Créateur de l’idéalisme transcendantal, Kant soutenait que toute connaissance provient de la combinaison d’un sujet et d’un objet à expérimenter. De plus, dans son ouvrage intitulé Critique de la raison pure, il a proposé l’existence de connaissances antérieures à l’expérience et la capacité de penser les objets au-delà de l’expérience sensorielle.
Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831)
Hegel est également considéré comme l’un des philosophes idéalistes les plus importants. Il est le père de l’idéalisme absolu, dans lequel les dualismes sont transcendés.
Quelques exemples d’idéalisme dans la société
L’idéalisme a imprégné diverses sphères de la société. Parmi les cas les plus notoires, figurent les suivants :
- Religions : est défendue l’existence de dieux et d’êtres divins qui ont créé l’homme à son image et à sa ressemblance. Dans ce cas, les divinités et leurs paroles sont considérées comme des idées vraies et immuables.
- Division corps-âme : l’affirmation que le corps et l’âme sont séparés, et que l’âme transcende le corps, est aussi une manifestation idéaliste très populaire présente dans les croyances qui parlent d’immortalité ou de réincarnation.
- Droits de l’homme : l’idée selon laquelle tous les humains sont égaux et ont les mêmes droits est ancienne et repose sur la croyance qu’il existe une essence ou une idée de l’homme.
- Astrologie : selon cette discipline, certains groupes d’étoiles et de planètes régissent notre destin.
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Les principaux débats autour de l’idéalisme
Les positions contre l’idéalisme ont critiqué son attachement à un monde immatériel supérieur, présent dans des religions comme le christianisme, qui promettent une vie après la mort plus importante que celle perceptible. De plus, elles ont critiqué le fait que l’idéalisme minimise le monde sensible et permet la relativisation de nombreux arguments et débats.
Au sein de la philosophie, nous trouvons deux grands courants antagonistes concernant l’être et la connaissance. L’idéalisme, qui défend que l’esprit l’emporte sur la matière, et le matérialisme, qui affirme que la matière existe indépendamment de l’esprit ou de l’idée. Avec quel courant vous identifiez-vous le plus ?